Il aime à le dire et à le répéter, même s’il n’y habite plus depuis fort longtemps, Louis Lefèvre garde quelque part encré au fond de son cœur son Gadville natal et ses environs. Nulle surprise dès lors que, pour son sixième livre, Les niés de la Jamette, l’intrigue erre, vagabonde et rebondisse dans ce bout de Cotentin. Pour ce faire, il a laissé vagabonder sa plume au fil des confinements et son imagination a fait le reste.
Dès les premières lignes, en très peu de mots, le décor est planté, charge à l’action de faire le reste. À elle d’emmener le lecteur à vouloir tourner les pages pour savoir ce qui peut bien se passer dans le secteur de la balise de La Jamette, cette sorte de tour de contrôle plantée dans le courant du même nom, juste derrière le phare de Gadville. Et ce d’autant que l’intrigue se déroule à la sortie d’une seconde guerre mondiale qui n’a pas manqué de laisser quelques traces.
Au fil des pages, ce nouveau livre laisse la part belle à un milieu de la pêche qui a bien évolué depuis. Mais un milieu que Louis Lefèvre a longtemps côtoyé, à défaut d’avoir bien connu, lorsque, gamin, il traînait sur les quais de Barflleu ou du côté du petit port de Roubary.
Comme le dit si bien Jean-Pierre Montreuil, dans ce polar du 20e siècle qui n’en est pas un, « la langue comme l’histoire est simple et authentique ». C’est « une langue juste, directe et belle » qui ne recherche pas comme peuvent le faire d’autres artistes la jolie note juste. Elle n’a que faire des purismes et, au bout de tous les mots, c’est ce qui en fait sa saveur. Et la saveur d’une histoire aussi rondement menée que plaisante à lire.
Éditions Oû Pyid des phares
18 euros